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« Juste retour de cendres », écrit Derrida
(J. Derrida, Feu la cendre, 1987).
Si les choses de l’art commencent souvent au rebours des choses de la vie,
c’est que l’image, mieux que toute autre chose, probablement,
manifeste cet état de survivance qui n’appartient ni à la vie tout à fait,
ni à la mort tout à fait, mais à un genre d’état aussi paradoxal que celui des spectres,
qui, sans relâche, mettent du dedans notre mémoire en mouvement.
L’image serait à penser comme une cendre vivante.
Déjà, Nietzsche affirmait que « notre monde tout entier est la cendre d’innombrables êtres vivants »
- refusant par conséquent « de dire que la mort serait opposé à la vie ».
Georges Didi-Huberman. Le génie du non-lieu
Le feu est meurtrier mais il est beau. Après l'incendie, comme au printemps, « c'est à ce moment que l'on voit le mieux l'ossature de la terre» (HJ).
Il est le langage de la géologie. On voit enfin ce qui était caché, les couches de terrains et celles du temps,
comme un palimpseste, une mémoire en route. Il est épiphanie dévoilement, révélation.
En Chine, au Japon, il parle avec les idéogrammes des troncs calcinés sur fond de ciel blanc.
Il est aussi signe des temps.
Patrick Prado. Incertains incendies
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