|   | 
 
 
SURTSEY L'’île ultime 
  
 
Notes au pas de la lettre (extrait)
  
«Langue de terre pointant au nord, « Norður tangi » accueille au gré des courants les échoués ; 
 objets naturels ou manufacturés tous réduits à l’état de restes, ils ont en commun un point d’arrivée : Surtsey. 
 Les scientifiques qui la protège ont beau essayer de l’'ériger en terre vierge et non « polluée » par l’homme, 
 elle en subit malgré tout les assauts que subissent toutes les côtes : bouées, gants, semelles, pneus… 
 Ces restes, bris, fragments et bribes d’ailleurs relient ainsi l’île à d'’autres histoires et temporalités,  
 rappelant à Surtsey, aussi protégée soit-elle,  l’impossible oubli du monde. 
Cette langue tendue comme à l'’affût des restes du monde n'’a d’autre choix que de conserver ces objets 
 jusqu'’à ce qu'’ils se décomposent d’eux-mêmes.  Ils se tiennent présents par la force des choses et les hasards des courants.  
 Ils sont donc là et ils y restent, aussi égarés soient-ils ; carcasses d’objets manufacturés et de mammifères  
 se retrouvent là dans une étrange composition, dessinant un chemin de part et d'’autre de la langue, 
 tels des pointillés menant à la partie intérieure de l'’île, inabordable celle-ci.
Car c’'est par la langue que l'’homme aborde aussi lorsqu'’il y débarque en bateau ; c’'est un lieu qui accueille,  
qu'’il soit question d’abordage ou d’échouage. 
Une langue qui raconte,  ou plutôt qui égrène, tel un inventaire à la Prévert, des noms d’'objets insensés… 
             
            
  |   |