Vers la fin de l'année 1854, deux tombes furent trouvées dans l'ancienne église de Plourin. Le tombeau qui fut mis à jour fit découvrir la sépulture du Sieur Robert de Kergroadez et de Benoue Carn, fille d'Olivier Carn, seigneur de l'île de Carn.

Benoue Carn était mariée à Robert II, marquis de Kergroadez, qu'elle épousait en premières noces. Sur le flanc de la pierre tombale, est inscrit en lettre gothique :"Cy gist Robert, sire de Kergroadez et Benoue, sa compagne, lequel Robert trépassa le jour de saint Lenard l'an 1395 Priez Dieu pour son âme."

Les deux corps allongés sont sculptés en relief. Robert de Kergroadez, couvert de son armure est représenté avec une longue épée (sur sa gauche) et un poignard (sur sa droite), Benoue Carn, est vêtue d'une longue robe plissée. Les époux sont chacun accompagnés de lévriers, symbole de fidélité.
La sépulture, que l'on peut voir aujourd'hui dans le cimetière de Plourin, au pied du Calvaire, porte les blessures de l'histoire. Le visage et les mains du couple sont mutilés. On attribua pendant longtemps ces dégradations aux agitateurs pendant la Révolution.
Mais la pierre tombale servait déjà de dallage dans la vieille église et il est probable que les dégradations furent commises bien avant.

On imagine en fait, que c'est au temps de François de La Tour, alors recteur de Plourin-Léon, de 1583 à 1617 que se produisirent ces actes. La Bretagne vivait une période agitée. Les Kergroadez, alliés d'Henry IV, devaient faire front à Mercœur, Gouverneur de Bretagne. Les ennemis de Kergroadez, dont le capitaine de Sansay, se rendirent à Plourin et détruisirent par vengeance l'Eglise de Saint Budoc et l'ensemble des sépultures.

Il n'est pas aisé aujourd'hui d'établir une généalogie des Carn, antérieure à Olivier Carn et sa fille Benoue,(avant 1400), nous savons que cette dernière est bien attestée dans les documents présentés par les Kergroadez lors de la réformation de 1669.

Si Benoue Carn est bien la " fille d'Olivier Carn, Seigneur de l'île Carn", outre l'assimilation toponymique inverse, il est probable que le tumulus, encore fort massif, faisait penser à une motte castrale médiévale.
On a pu imaginer (ou voulu faire imaginer) qu'il y avait eu là un "château" féodal…

Vanessa Doutreleau

Couffon , René. Une généalogie de la maison de Kergroadez,
dressée sur titre en l'an 1629. B.S.A.F, LIX, 1932, P3-26.

D'après les renseignements fournis par Pierre-Roland Giot, Yves Lulzac et M. Mérien.

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