« Le sang est l’ombre de la lumière. »
Georges Didi-Huberman. Le génie du non-lieu
«Les «esprits élémentaires» ont cherché à fixer ces images passagères ;
ils ont composé une matière très subtile, très visqueuse,
et très prompte à se dessécher et à se durcir,
au moyen de laquelle un tableau est fait en un clin d'œil.
Ils enduisent de cette matière une pièce de toile et la présentent aux objets qu'ils veulent peindre.
Le premier effet de la toile est celui du miroir.
On y voit tous les corps voisins et éloignés dont la lumière peut apporter l'image.
Mais ce qu'une glace ne saurait faire, la toile au moyen de son enduit visqueux, retient les simulacres.
Le miroir vous rend fidèlement les objets, mais n'en garde aucun.
Nos toiles ne les rendent pas moins fidèlement et les gardent tous. [...]
Cette impression des images est l'affaire du premier instant où la toile les reçoit.
On l'ôte sur le champ, on la place dans un endroit obscur.
Une heure après, l'enduit est desséché et vous avez un tableau d'autant plus précieux
qu'aucun art ne peut en imiter la vérité, et que le temps ne peut en aucune manière l'endommager.»
Charles-François Tiphaigne de la Roche. Giphantie (1760)
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