baramor

Les vents courent, volent, s’abattent, finissent, recommencent, planent, sifflent, mugissent, rient ; frénétiques, lascifs, effrénés, prenant leurs aises sur la vague irascible.
Ces hurleurs ont une harmonie. Ils font tout le ciel sonore.
Ils soufflent dans la nuée comme dans un cuivre, ils embouchent l’espace,
et ils chantent dans l’infini, avec toutes les voix amalgamées des clairons,
des buccins, des oliphants, des bugles et des trompettes, une sorte de fanfare prométhéenne.
Qui les entend écoute Pan.[…] Ils combinent les nuages et les désagrègent.
Ils pétrissent, comme avec des milliers de mains, la souplesse de l’eau immense.

Victor Hugo. Les travailleurs de la mer

Le mot breton Baramor a une signification particulière.
Il désigne « le pain de la mer » et rappelle le labeur des goémoniers qui depuis le XIXè siècle
récoltent les algues sur la grève ou l’arrachent du tréfonds de la Mer d’Iroise.
L’hiver, après la tempête, balayées par les courants et les vents des « trognes d’algues » s’échouent dans la laisse de mer, là où s’accumulent sur une fine bande, les débris de l’océan.
De ces algues, les regards s’en détournent, informes, inutiles, elles sont pourtant évocatrices d’un monde.