Cerro paranal

Que l’on soit simple amateur de James Bond (Quantum of Solace) ou passionné d’astrophysique, Cerro Paranal (2635m) est un nom qui tonne entre imaginaire et science. C’est la possibilité de s’ouvrir le ciel.

Les premières nuits dans le désert d’Atacama mais comme toutes celles passées dans les déserts nous lient au ciel de façon particulière. C’est d’évidence une relation d’ordre spirituelle : Terre- Homme- Ciel. Une résonance intuitive.

Couché dans mon duvet, le ciel tourne autour de l’étoile polaire et je tâche de me repérer dans ce ciel d’hémisphère sud où il me faudra attendre le matin pour reconnaître quelques étoiles ou constellation. Je l’avoue, je n’y connais pas grand chose mais j’aime les histoire de ciel et ceux qui savent raconter les étoiles. J’emporte à chaque voyage un inusable livre de poche d’Hubert Reeves où je sais que je relie sans cesse les mêmes pages. Les étoiles étaient jaunes, comme collées sur un fond bleu uni étaient un peu phosphorescente mais elles avaient perdues de leur pouvoir.

Je commence à m’endormir en me remémorant une nuit « à la belle étoile » en Bretagne, lors d’une période de canicule. J’espérais que mes enfants, alors petits, s’endorment sous le ciel. Une fausse bonne idée :« Je ne peux pas fermer les yeux me répondaient-il, c’est trop beau». Le ciel brillait de toutes ses lumières d’astres et nous étions tous les yeux écarquillés.

Jamais je n’aurais imaginé mettre les pieds dans un haut lieu de la science astrophysique. J’ai bien eu plusieurs fois la curiosité de plonger mon œil dans un téléscope mais entrer dans un temple céleste tel que celui-ci était impensable avant ce second voyage dans l’Atacama. Le hasard d’une rencontre nous a permis d’y entrer dans des conditions privilégiées et de découvrir ces fabuleuses machines.

« Oscuro es maravilloso » (l’obscure est merveilleux) est écrit sur la porte d’accès à la salle de contrôle du VLT (very large téléscope) de l’observatoire Paranal, l’un des plus grands de l’European southern observatory (ESO) installé autour de l’année 2000. Le VLT est composé de 4 téléscopes. Chacun porte un nom de code UT1 à UT4, dans la langue mapuche c’est Antu (le Soleil), Kueyen (la Lune), Melipal (la Croix du Sud) Yepun (Vénus). Dans chacun d’eux est placé un miroir de 8,20 m de diamètre, chacun portant un le prénom d’un des Frères Dalton (Lucky Luke).

Ici, on n’observe pas le ciel avec rayon laser lancé dans la voie lactée et à l’aide d’un système optique qui prend des mesures par interférences entre les ondes de l’Infra rouge à l’Ultra violet (interférométrie). Autrement dit on observe l’invisible dans l’imperceptible. C’est de là qu’a été observé le trou noir le plus proche de la terre. Le trou noir dissimulé au sein du système HR 6819 est l’un des tous premiers trous noirs de masse stellaire découvert à ce jour qui n’interagit pas violemment avec son environnement et qui, par voie de conséquence, nous apparaît véritablement noir.

https://www.eso.org/public/france/news/eso2007/

Le soir, nous installons notre campement plus bas dans le désert face à la montagne dessinée par la silhouette des téléscopes. Le lendemain matin et comme chaque jour nos yeux parcourent le sol dans notre quête d’une pierre tombée du ciel.