Ce paysage, je l’avais découvert lorsque je travaillais, en tant que commissaire d’exposition sur le fonds du photographe du début du XXè siècle, Emile Vigne. Je me rendais souvent dans la région, et j’étais habitué à ce paysage de landes et forêt. La tempête foudroyante (Klauss) s’est abattue dans les Landes le 25 janvier 2009. Peu après la tempête, je retourne sur place et fût soudain saisi par la nudité du paysage et l’apparition de la ligne d’horizon qui jusqu’alors était coupée par une infinité d’arbres.
Ce fut pour moi un choc. De jour, le paysage était d’une brutalité inouïe, dure… je me souviens, je ne voulais plus faire d’image. Mon désir de paysage était anéanti. Le ciel bleu et la lumière blanche de l’hiver découpaient ce qu’il restait de la forêt dans un réalisme cru. Il n’y avait plus d’imaginaire possible dans ce paysage. La nuit allait m’ouvrir d’autres perceptions du paysage.
Vent nocturne est composé de deux séries d’images complémentaires : de grands paysages (couleur) presque monochromes où se croisent les silhouettes fantomatiques des arbres «résistants» et un ensemble de photographies présentant des portraits de souches renversées par le vent. Ce qui était sous terre apparaît au jour et c’est un monde racinaire qui remonte à la surface.