«Mais aujourd’hui, tout véritable Ulysse doit revêtir, plutôt que la vareuse du marin, une robe de chambre, comme l’a écrit naguère Giorgio Bergamini, et s’aventurer dans sa bibliothèque autant que parmi les îles perdues ;
L’Ulysse contemporain doit être un expert de l’éloignement du mythe et de l’exil de la nature, un explorateur de l’absence et de la désertion de la vraie vie.»
Pedrag Madvejevitch, Bréviaire méditerranéen.
En ce mois de septembre, naviguant d’une île à l’autre, sous le soleil, nous approchons de la terre,
avec, en main le récit d’Homère et sous les yeux le trait de côte qui défile au dessus de l’eau.
A l’image d’Ulysse, « je cherchais sans voir et mes yeux se lassaient à fouiller les recoins de la roche embrumée.» (Homère. Odyssée, XII, 233).
La vision au ras de l’eau rend difficile la reconnaissance des lieux, ici un abri, là une passe ou l’embouchure d’un canal.
La solitude d’un homme, d’un rocher ou d’une île perdue en mer, subir une violente tempête surgissant dans la nuit, accepter la » pétole » et dévier de notre route, voici ce que je retiens de l’Illiade et l’Odyssée et de notre périple en mer.
L’épopée d’Ulysse se situe dans l’attente, dans la rêverie des roches, des nuages et de la mer.
Parallèlement à ce travail scientifique, j’ai choisi de mener une recherche complémentaire sur le paysage. Celui-ci semble relativement immuable depuis l’Antiquité et peut être appréhendé comme le point de repère d’une histoire millénaire.
Il en résulte un tracé photographique entre terre et mer, où l’appareil photographique, tel le Cyclope,
enregistre la persistance d’amers naturels immuables : rochers, récifs, cavités et falaises, ou encore le fil de l’eau, celui qui se sépare sous l’étrave du bateau et qui se noue à nouveau loin dans notre sillage.
Mission ethnographique, sous la direction de Jean Cuisenier
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