Il ne revint jamais. Une nuit d’août, là-bas, au large de la sombre Islande, au milieu d’un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer. Pierre Loti, Pêcheur d’Islande
des noms qui ont marqué l’histoire de la pêche » à » Islande ; certains comme lieux fréquentés par les Bretons et Dunkerquois, d’autres pour avoir été le théâtre de naufrages et échouages.
De cette histoire, il ne reste guère que de rares traces : cimetières marins, tombes éparses, bâtisses, tels les anciens hôpitaux français, maisons des œuvres de mer, ou encore, objets provenant d’échanges et plus souvent de naufrages.
Ces traces ont guidé notre parcours « islandais » en ce mois de mars 2003, période de l’année qui inaugurait autrefois six à sept longs mois de pêche.
Parmi les goélettes de la région paimpolaise, une centaine se sont perdues à Islande ; soit deux mille hommes.
Les tombes qui jalonnent l’Islande d’ouest en est témoignent de ces hommes et des relations qui les unirent, pendant une ou plusieurs saisons à l’Islande et aux Islandais.
Les portraits d’objets témoignent de ces relations ; ils évoquent plus qu’ils ne relatent une histoire, tantôt derrière les vitrines d’un musée, tantôt chez les particuliers.
Ces derniers sont bel et bien « vivants », dans une énième vie d’objet devenu, au fil du temps, objet de famille.
Nous invitant alors à remonter le temps, ces objets nous parlent d’échanges culturels et techniques, et plus souvent, des rivages où ils sont nés en tant qu’objets échoués, enfantés par une mer devenue un jour monstrueuse.
Ainsi de ces lampes, de ce banc, de cette armoire, de ces chandeliers, de cette pharmacie de bord, de cette poulie, ou encore de ces dizaines d’objets dont on ignore parfois d’où ils sont venus.
Manon, Saint Paul, Aurore, Camille rebaptisée Guðrún, … autant de noms de navires qui se sont accrochés un jour à l’Islande. Autant de « récits de vie » d’objets que nous ne faisons qu’évoquer.
enquête ethnographique Vanessa Doutreleau
éditions atelier des brisants, 2012