« Est-ce la mer qui a délimité la terre
Ou la terre qui a délimité la mer ?
Chacune a tiré un sens nouveau du choc des vagues.
La mer s’est brisée sur la terre pour se définir pleinement. »
Seamus Heaney. Amants aux îles d’’Aran
L’’estran désigne la zone littorale entre les plus hautes et les plus basses mers.
Un espace de terre mouvante, un espace de vie entre deux temps.
Je maintiens mon regard sur des infimes fragments du territoire.
À la manière de ces heures passées à pêcher sur l’estran : le corps se mêle au lieu, l’œil scrute les reliefs à la recherche de signes, d’indices, d’éléments marquants pendant que le regard suit les cours d’eau.
Avancer sans savoir ce que l’on va trouver, sans but si ce n’est celui de l’errance,
l’œil guide le pas. Relever de temps en temps la tête pour voir où l’on se situe, pour se fixer un repère, mais peu importe, l’espace est ouvert.
Dans cette quête du regard, le parcours est déterminé par la nature du lieu: ses reliefs, ses mares, ses traces laissées par la marée.