lignes de force 2019-2022

« Il y a beaucoup de force dans une montagne seule, beaucoup de pensée dans sa pierre. » J.M.G. Le Clezio in L’inconnu de la terre

Les plis géologiques, les cassures, les failles, les torrents, les lignes de crête forment l’écriture de la montagne. Ces dessins sont des notes de terrains où se confondent les échelles, le sol et l’horizon.

Marcher, c’est dessiner son chemin, recouvrir des traces, shooter dans des cailloux.

 J’aime travailler sur la grille et la tâche comme forme primitive du dessin. Dans ces gravures, le matériau résiste aux outils tailler pour l’usage (objets métallique, pierre de chemin).

 Ce qui m’intéresse ce sont les dessins primitifs, instantanés, spontanés, décisif, incisifs non figuratif, comme les traces de griffures et d’entailles retrouvées sur les galets du Mas d’Azil mais de façon universelle un peu partout dans le monde de la préhistoire, à l’instar des objets taillés abandonnés dans les déserts et les grottes.

Ces gravures sont aussi des cartes, des fragments de territoire, des juxtapositions de vues, des croquis d’où se dégage la montagne à grands traits.

sur les traces d’Alberto de Agostini

Le Père Alberto Maria Agostini (1883-1960) est un explorateur singulier. Montagnard du Piémont, il part en mission en Terre de feu à l’assaut des sommets et des glaciers et à la rencontre des derniers indiens du détroit de Magellan.

Andes patagonicos viajes de exploracion a la cordillera patagonica austral est un volume de 437 pages, abondamment illustré. Il parait en 1941 et fera l’objet de multiples rééditions en diverses langues. Cela en fait une référence bibliographique incontournable sur la Patagonie. L’édition de 1945 également rare est composée de nombreuses planches photographiques en monochrome bleu et en noir et blanc. L’ouvrage est magnifiquement manufacturé avec une rare qualité de pliage pour des panoramas qui atteigne plus d’un mètre parfois.

C’est dans les plis et replis du volume que je suis allé faire ses images.

sur les traces de Francisco P. Moreno

Il y a Maradona, Messi et … Francisco P.Moreno et je ne voudrais pas oublier les écrivains Jorge Luis Borges et Roberto Juarroz, véritables repères dans mon parcours.

Bref, Francisco Pascacio Moreno a donné son nom à un village, à un lac tantôt nommé Argentino, tantôt Moreno et au fameux glacier du sud de la Patagonie, véritable icône touristique et emblème médiatique de la lutte contre le réchauffement climatique. Francisco Moreno (1852-1919) est un explorateur-chercheur célèbre qui toute sa vie arpenta les Andes de la Bolivie au sud de l’Argentine.

J’ai vu un de ses ouvrages dans une des plus anciennes librairies de Buenos-Aires, justement bien connue des grands écrivains argentins.

En 1898, il publie : « Notes préliminaires sur une excursion aux territoires NEUQUEN,RIO NEGRO, CHUBUT et SANTA CRUZ ». Ce volume comprend une carte et 42 planches en noir et blanc avec plusieurs vues dépliantes pour rendre compte des panoramas spectaculaires du nord de la Patagonie.

J’ai choisi d’en relever quelques détails…, d’aller au fond de l’encre.

Mare nostrum

«Mais aujourd’hui, tout véritable Ulysse doit revêtir, plutôt que la vareuse du marin, une robe de chambre, comme l’a écrit naguère Giorgio Bergamini, et s’aventurer dans sa bibliothèque autant que parmi les îles perdues ;
L’Ulysse contemporain doit être un expert de l’éloignement du mythe et de l’exil de la nature, un explorateur de l’absence et de la désertion de la vraie vie.
»
Pedrag Madvejevitch, Bréviaire méditerranéen.

En ce mois de septembre, naviguant d’une île à l’autre, sous le soleil, nous approchons de la terre,
avec, en main le récit d’Homère et sous les yeux le trait de côte qui défile au dessus de l’eau.

A l’image d’Ulysse, « je cherchais sans voir et mes yeux se lassaient à fouiller les recoins de la roche embrumée.» (Homère. Odyssée, XII, 233).

La vision au ras de l’eau rend difficile la reconnaissance des lieux, ici un abri, là une passe ou l’embouchure d’un canal.
La solitude d’un homme, d’un rocher ou d’une île perdue en mer, subir une violente tempête surgissant dans la nuit, accepter la  » pétole  » et dévier de notre route, voici ce que je retiens de l’Illiade et l’Odyssée et de notre périple en mer.
L’épopée d’Ulysse se situe dans l’attente, dans la rêverie des roches, des nuages et de la mer.

Parallèlement à ce travail scientifique, j’ai choisi de mener une recherche complémentaire sur le paysage. Celui-ci semble relativement immuable depuis l’Antiquité et peut être appréhendé comme le point de repère d’une histoire millénaire.
Il en résulte un tracé photographique entre terre et mer, où l’appareil photographique, tel le Cyclope,
enregistre la persistance d’amers naturels immuables : rochers, récifs, cavités et falaises, ou encore le fil de l’eau, celui qui se sépare sous l’étrave du bateau et qui se noue à nouveau loin dans notre sillage.

Mission ethnographique, sous la direction de Jean Cuisenier

consulter exposition virtuelle Bibliothèque Nationale de France

 

Cerro paranal

Que l’on soit simple amateur de James Bond (Quantum of Solace) ou passionné d’astrophysique, Cerro Paranal (2635m) est un nom qui tonne entre imaginaire et science. C’est la possibilité de s’ouvrir le ciel.

Les premières nuits dans le désert d’Atacama mais comme toutes celles passées dans les déserts nous lient au ciel de façon particulière. C’est d’évidence une relation d’ordre spirituelle : Terre- Homme- Ciel. Une résonance intuitive.

Couché dans mon duvet, le ciel tourne autour de l’étoile polaire et je tâche de me repérer dans ce ciel d’hémisphère sud où il me faudra attendre le matin pour reconnaître quelques étoiles ou constellation. Je l’avoue, je n’y connais pas grand chose mais j’aime les histoire de ciel et ceux qui savent raconter les étoiles. J’emporte à chaque voyage un inusable livre de poche d’Hubert Reeves où je sais que je relie sans cesse les mêmes pages. Les étoiles étaient jaunes, comme collées sur un fond bleu uni étaient un peu phosphorescente mais elles avaient perdues de leur pouvoir.

Je commence à m’endormir en me remémorant une nuit « à la belle étoile » en Bretagne, lors d’une période de canicule. J’espérais que mes enfants, alors petits, s’endorment sous le ciel. Une fausse bonne idée :« Je ne peux pas fermer les yeux me répondaient-il, c’est trop beau». Le ciel brillait de toutes ses lumières d’astres et nous étions tous les yeux écarquillés.

Jamais je n’aurais imaginé mettre les pieds dans un haut lieu de la science astrophysique. J’ai bien eu plusieurs fois la curiosité de plonger mon œil dans un téléscope mais entrer dans un temple céleste tel que celui-ci était impensable avant ce second voyage dans l’Atacama. Le hasard d’une rencontre nous a permis d’y entrer dans des conditions privilégiées et de découvrir ces fabuleuses machines.

« Oscuro es maravilloso » (l’obscure est merveilleux) est écrit sur la porte d’accès à la salle de contrôle du VLT (very large téléscope) de l’observatoire Paranal, l’un des plus grands de l’European southern observatory (ESO) installé autour de l’année 2000. Le VLT est composé de 4 téléscopes. Chacun porte un nom de code UT1 à UT4, dans la langue mapuche c’est Antu (le Soleil), Kueyen (la Lune), Melipal (la Croix du Sud) Yepun (Vénus). Dans chacun d’eux est placé un miroir de 8,20 m de diamètre, chacun portant un le prénom d’un des Frères Dalton (Lucky Luke).

Ici, on n’observe pas le ciel avec rayon laser lancé dans la voie lactée et à l’aide d’un système optique qui prend des mesures par interférences entre les ondes de l’Infra rouge à l’Ultra violet (interférométrie). Autrement dit on observe l’invisible dans l’imperceptible. C’est de là qu’a été observé le trou noir le plus proche de la terre. Le trou noir dissimulé au sein du système HR 6819 est l’un des tous premiers trous noirs de masse stellaire découvert à ce jour qui n’interagit pas violemment avec son environnement et qui, par voie de conséquence, nous apparaît véritablement noir.

https://www.eso.org/public/france/news/eso2007/

Le soir, nous installons notre campement plus bas dans le désert face à la montagne dessinée par la silhouette des téléscopes. Le lendemain matin et comme chaque jour nos yeux parcourent le sol dans notre quête d’une pierre tombée du ciel.

météorites

Deux années de suite, je suis allé dans le désert d’Atacama chercher des météorites mais était-ce bien le but ?

Disons que je suis parti m’égarer, rêver qu’une pierre qui tombe du ciel. Des milliards de pierres dans le désert comme autant d’étoiles dans le ciel. Scruter le ciel et le sentir basculer, scanner le sol d’une marche lente. Le regard à gauche, le regard à droite, lever les yeux retrouver l’équilibre en s’appuyant sur l’horizon, là ou la partie du ciel est la plus clair, au-dessous de ce ciel de plomb d’un bleu si dense.

Se diriger vers une pierre sombre qui dépasse du sol, suivre des échancrures, descendre des petites ravines, poser le pied un replat lisse ou l’eau s’est glissée il y a peut-être des millions d’années. Je ne marche pas vers un point, je marche de pierre en pierre, je marche à perte de vue, avec un vent venant de partout. Comme le marin, je navigue aussi au vent, je regarde la course du soleil, je prend pour repère mon ombre. Une ombre franche et sombre.

Je garde l’ombre dans mon dos et marche face à la lumière pour éviter que mon ombre entre dans le champ d’observation. Observer au zénith est encore ce qu’il y a de mieux et tant mieux car il y reste presque 3-4 heures en hiver. Ici beaucoup de pierres sont couvertes d’une patine qui donnent l’impression que la roche a été brûlée par le soleil et le temps, dans une souffrance qui nous semble inimaginable.

Même dans une zone favorable car il en est, l’immensité du désert et la petitesse de nos déplacements sur une ligne rend la rencontre avec la météorite presque improbable. On marche, le regard rivé au sol près de nos pieds et quelques mètres devant, balayant le sol de droite à gauche comme un essuie glace. On va vers l’avant en espérant toujours qu’au prochain pas, ce sera le bon.

Combien de fois, j’ai cru rencontrer une pierre du ciel? je me suis baissé? j’ai soupesé ? sorti l’aimant de ma poche? puis rejeter la pierre? … un nombre de fois insensé. Et puis je suis sûrement passé à côté pour quelques centimètres, plongé dans mes pensées ou attiré par cette autre pierre juste par là… de l’autre côté.

Pourtant la météorite existe, c’est une pierre incomparable à une autre. Là où la surface et la structure des autres est granuleuse, stratifiée, cassante, anguleuse, bulbeuse, conglomérée, dentelée, la météorite est revêtue d’une croute de fusion polie dans sa chute, par la fulgurance de son entrée dans l’atmosphère, puis par le temps qui a parachevé sa forme. Pour la science, il faudrait en découper une tranche qui serait portée dans un laboratoire, mesurer, authentifiée, classifiée.

salitreras

Chacabuco n’a pas d’odeur. La chaleur écrase ses toits de tôles ou ce qu’il en reste… anciens quartiers de mineurs plantés en plein désert au début du XXè siècle, et proche des salitreras, d’où est extrait le nitrate de potassium. Chacabuco est transformé en camp de concentration sous le régime Pinochet, en 1973. Sur les murs se superposent les traces des histoires qui hantent les lieux. Le quadrillage des rues contraste avec les ruines de ces habitations. Sous une chaleur étouffante, on recherche la vie dans cette ville quadrillée, ces bâtisses abandonnées entre ombre et lumière.

À Pedro de Valdivia, la vie s’est arrêtée brusquement lorsqu’en 1996 le gouvernement,  a décidé de mettre fin à l’activité de l’usine de salpêtre salitrera. Inaugurée en 1931 l’officine poussiéreuse et bruyante fondée par les Guggenheim compte rapidement plus de 6000 ouvriers avec leur famille et la vie s’organise dans ce qui devient une ville avec sa mairie, ses écoles, ses logements sociaux, son hôpital, sa piscine, son terrain de football…

Aujourd’hui, Pedro de Valdivia, du nom du célèbre explorateur n’est plus qu’une ville fantôme où mais demeurent non loin le nuage poussiéreux des dernières salitreras où les ouvriers se sont époumonés pendant des décennies dans le silence. On trouve sur le site des cahiers des contrats de travail et le bulletin de santé des ouvriers …

Hernán Riveira Letelier dans la reine Isabel chantait des chansons d’amour (éditions Métailié) décrit les conditions de vie de ces familles. Livre magnifique

Mejillones

Mejillones est une petite ville du nord du Chili (province d’Antofagasta) située en bordure de l’océan Pacifique. Elle tourne le dos au désert d’Atacama et aux nombreuses exploitations minières (cuivre, or, argent, zinc, minerai de fer, potasse). Elle compte 10000 habitants, dont la plupart vivent de l’activité portuaire et minière. Á la fois, ville ouvrière et ville balnéaire, Mejillones est un mélange d’architecture composée de baraquement, de maisons récemment réhabilitées, de logements sociaux. A l’heure du midi, le soleil est au zénith. Comme dans toutes les villes du sud, le temps est suspendu. En fin d’après midi, au moment où les ombres s’allongent, l’activité reprend.

Cobija

Sur la route de Tocopilla, après avoir passé les mines impressionnantes de Michilla, on croise des petites routes qui conduisent jusqu’à la mer. Alors que je cherchais un restaurant ouvert, j’empruntais une de ces routes qui me menait à Cobija. C’est souvent ainsi les découvertes… Anciennement Cobija était une ville bolivienne plutôt active. Aujourd’hui chilienne, c’est maintenant devenu un village de presque rien, architecture de terre, de tôles et de filets, elle est devenue le refuge d’une cinquantaine de pêcheurs et goémoniers. Cobija conserve les ruines de maison en adobe toutes détruites par un violent tremblement de terre et un tsunami dans les années 1870. Cobija conserve les traces d’une architecture et d’une activité d’un temps qui ne remonte pas à si longtemps mais que les vents du désert ont usé.

vent nocturne

Ce paysage, je l’avais découvert lorsque je travaillais, en tant que commissaire d’exposition sur le fonds du photographe du début du XXè siècle, Emile Vigne. Je me rendais souvent dans la région, et j’étais habitué à ce paysage de landes et forêt. La tempête foudroyante (Klauss) s’est abattue dans les Landes le 25 janvier 2009. Peu après la tempête, je retourne sur place et fût soudain saisi par la nudité du paysage et l’apparition de la ligne d’horizon qui jusqu’alors était coupée par une infinité d’arbres.
Ce fut pour moi un choc. De jour, le paysage était d’une brutalité inouïe, dure… je me souviens, je ne voulais plus faire d’image. Mon désir de paysage était anéanti. Le ciel bleu et la lumière blanche de l’hiver découpaient ce qu’il restait de la forêt dans un réalisme cru. Il n’y avait plus d’imaginaire possible dans ce paysage. La nuit allait m’ouvrir d’autres perceptions du paysage.
Vent nocturne est composé de deux séries d’images complémentaires : de grands paysages (couleur) presque monochromes où se croisent les silhouettes fantomatiques des arbres «résistants» et un ensemble de photographies présentant des portraits de souches renversées par le vent. Ce qui était sous terre apparaît au jour et c’est un monde racinaire qui remonte à la surface.

debordement

A hiver 2006, la Loire sortit de son lit et fit gonfler un petit ruisseau, plus qu’à son habitude.
L’eau vint flirter avec les contreforts du petit village de Bonny sur Loire (43) et noyer les champs et routes alentours.

retour de cendres

« Juste retour de cendres » (J. Derrida, Feu la cendre, 1987).
Si les choses de l’art commencent souvent au rebours des choses de la vie,
c’est que l’image, mieux que toute autre chose, probablement, manifeste cet état de survivance qui n’appartient ni à la vie tout à fait, ni à la mort tout à fait, mais à un genre d’état aussi paradoxal que celui des spectres, qui, sans relâche, mettent du dedans notre mémoire en mouvement.
L’image serait à penser comme une cendre vivante.
Déjà, Nietzsche affirmait que « notre monde tout entier est la cendre d’innombrables êtres vivants »
– refusant par conséquent « de dire que la mort serait opposé à la vie
».

Georges Didi-Huberman. Le génie du non-lieu

Le feu est meurtrier mais il est beau. Après l’incendie, comme au printemps, « c’est à ce moment que l’on voit le mieux l’ossature de la terre» (HJ). Il est le langage de la géologie. On voit enfin ce qui était caché, les couches de terrains et celles du temps, comme un palimpseste, une mémoire en route. Il est épiphanie dévoilement, révélation.
En Chine, au Japon, il parle avec les idéogrammes des troncs calcinés sur fond de ciel blanc. Il est aussi signe des temps.

… Avec sûreté Hervé Jézéquel nous parle de tous ces motifs. La souffrance de la terre, des végétaux, ces bras tendus, ces totems inclinés, ces souches qui montrent leurs boyaux, ces arbres qui se soutiennent comme père et fils, ces pierres éclatés qui ressemblent à des crabes fossilisés, toutes pinces dehors face au volcan qui crache, ces roues tragiques de caravanes fondues. Que faisaient-elles là? Ses habitants ont-ils eu le temps? Ces bidons torturés. Ceux de l’incendiaire sûrement. Ces rubans de Moebius qui continuent de serpenter. Pour aller où ? Vers quel infini ? Ces poteaux téléphoniques qui ne communiquent plus que du vent. Et ces objets indéfinis, informes, qui demandent qu’on les renomment et qu’on les regardent une dernière fois. Ce sont les plus tragiques, comme les montres molles d’Hiroshima. Et pourtant, comme à Hiroshima, tel le ginko qui résista et reparut le premier hors de l’enfer atomique, Ima wa siro hi hana saaku, une libellule jaune sur un sarment calciné. Une branche de houx. Certitude végétale, certitude animale. Incertitude des hommes. Voici venu le temps des incendies. Cela tombe bien. Avec tous ces arbres, on ne voyait plus l’horizon, on ne voyait plus rien. Il faut incendier toutes les îles pour qu’on y voit à nouveau la mer.

Patrick Prado. anthropologue, extraits de «Incertains incendies» I

eaux composées

Le limon est la poussière de l’eau, comme la cendre est la poussière du feu. Cendre, limon, fumée donneront des images qui échangeront sans fin leur matière …

L’oeil lui-même, la vision pure, se fatigue des solides. Il veut rêver la déformation. Si la vue accepte vraiment la liberté du rêve, tout s’écoule dans une intuition vivante. Gaston Bachelard. L’eau et les rêves. Les eaux composées

La série des « Eaux composées » s’attarde dans les recoins humides du paysage, pour en offrir une vision intérieure, au niveau du sol. Fluidité et mouvement s’effacent pour des « entre deux eaux » en suspension, turbides ou saumâtres, vision de l’apnée. Ces images brouillent la hiérarchie entre la vue, le toucher et la matérialité. Le photographe-scaphandrier est face à un paysage qui ne lui répond que par la solitude, l’intimité, la fragilité et le silence.

mémoires d’Islande

Il ne revint jamais. Une nuit d’août, là-bas, au large de la sombre Islande, au milieu d’un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer.                                              Pierre Loti, Pêcheur d’Islande

Patreksfjörður, Tálknafjörður, Grundarfjörður, Fáskruðsfjörður, Skeiðarársandur…

des noms qui ont marqué l’histoire de la pêche  » à  » Islande ; certains comme lieux fréquentés par les Bretons et Dunkerquois, d’autres pour avoir été le théâtre de naufrages et échouages.
De cette histoire, il ne reste guère que de rares traces : cimetières marins, tombes éparses, bâtisses, tels les anciens hôpitaux français, maisons des œuvres de mer, ou encore, objets provenant d’échanges et plus souvent de naufrages.
Ces traces ont guidé notre parcours « islandais » en ce mois de mars 2003, période de l’année qui inaugurait autrefois six à sept longs mois de pêche.
Parmi les goélettes de la région paimpolaise, une centaine se sont perdues à Islande ; soit deux mille hommes.
Les tombes qui jalonnent l’Islande d’ouest en est témoignent de ces hommes et des relations qui les unirent, pendant une ou plusieurs saisons à l’Islande et aux Islandais.
Les portraits d’objets témoignent de ces relations ; ils évoquent plus qu’ils ne relatent une histoire, tantôt derrière les vitrines d’un musée, tantôt chez les particuliers.
Ces derniers sont bel et bien « vivants », dans une énième vie d’objet devenu, au fil du temps, objet de famille.
Nous invitant alors à remonter le temps, ces objets nous parlent d’échanges culturels et techniques, et plus souvent, des rivages où ils sont nés en tant qu’objets échoués, enfantés par une mer devenue un jour monstrueuse.
Ainsi de ces lampes, de ce banc, de cette armoire, de ces chandeliers, de cette pharmacie de bord, de cette poulie, ou encore de ces dizaines d’objets dont on ignore parfois d’où ils sont venus.
Manon, Saint Paul, Aurore, Camille rebaptisée Guðrún, … autant de noms de navires qui se sont accrochés un jour à l’Islande. Autant de « récits de vie  » d’objets que nous ne faisons qu’évoquer.

enquête ethnographique Vanessa Doutreleau

éditions atelier des brisants, 2012

Exposition a Paimpol, juin-août 2003 et Alliance française, Reykjavik, juin – juillet 2004. Avec Comptoir d’Islande, Ferðakompaníið et Icelandair.

 

alphabet du sable

Le parterre de sable
Et entre l’humanité-sable et le monde-rocher, on devine une harmonie possible comme entre deux harmonies non homogènes : celle du non humain dans un équilibre de forces qui semble ne répondre à aucun dessein ; celle des structures humaines qui aspirent à une rationalité de composition géométrique ou musicale, jamais définitive…
Italo Calvino. Collection de sable.

Il nous faut considérer ces traces comme celles du dernier alphabet d’une humanité déchue. Les vestiges de l’Atlantide sont à déchiffrer à la surface du sable.

île Carn

« La vision que l’œil enregistre est toujours pauvre et incertaine.
L’imagination l’enrichit et la complète, avec les trésors des souvenirs,
des savoirs, avec tout ce que laissent à sa discrétion l’expérience, la culture et l’histoire,
sans compter ce que, d’elle-même, au besoin, elle invente ou elle rêve.»

Roger Caillois.

 

L’exposition Carn, rencontres en bordure du temps allie dans la même présentation les domaines de l’art et des sciences humaines  – l’histoire, l’archéologie, l’ethnologie-.
Le propos est de s’interroger sur ce qu’est un lieu, et donc tout lieu possible,
à travers la diversité des traces physiques et humaines qu’on y rencontre.
Les réponses sont autant matérielles que symboliques, scientifiques que littéraires et esthétiques, objectives que subjectives, de l’ordre du réel que de l’imaginaire.
Le livre comme un carnet de fouilles rassemble donc des objets, des images et des sons collectés en ce lieu dit Carn, petit îlot inhabité du nord de la Bretagne.
Ils dessinent élément par élément, fragment par fragment, les contours de ce qui constitue notre sentiment d’appartenance à l’espace et au temps : cartographie, toponymie, travaux des hommes, mythes, légendes, récits. Ils contribuent tous à décrypter ce qu’est un territoire.Territoire de rencontres aux limites de la terre et de la mer, Carn est une île qui se fait le catalyseur de multiples approches où le désir, celui de la découverte de sa propre histoire, a sa part.

« Carn, rencontres en bordure du temps ». Editions Créaphis, 250 pages
Sous la direction d’Hervé Jézéquel.
L’ouvrage rassemble des textes de Alphonse Arzel, Pierre Arzel, Philippe Bonnin,
Patrick Bramoullé, Claude Colin, Xavier Charonnat, Clément Chéroux, Michel Colardelle, Vanessa Doutreleau, Pierre Gaudin, Pierre-Roland Giot, Hervé Jézéquel, Denis Lamy,  Michel Le Goffic, Olivier Levasseur, Marie-France Noël, Patrick Prado, Per Pondaven, Guy Prigent et Martin de la Soudière.

Espace entre

paysages élémentaires

Les paysages islandais sont reconnus pour leur caractère sublime largement encensés dans les ouvrages d’aventure et de tourisme. Cette perception du paysage, je la ressentais comme nombre de voyageurs. Leur présence comme leur puissance éveille brutalement, démesurément car cette force va au delà de ce que nous pouvons imaginer. Il n’y a point d’attirance pour le « beau » paysage, mais une douce hostilité des éléments qui devient inspirante. J’évite la vision panoramique et concentre le paysage dans un carré. Je m’attarde sur des petits paysages, des espaces de presque rien, des détails, des affleurements, des matières, des couleurs, des phénomènes de météores, des silences et des fracas.
L’incertitude et le doute dans lequel certaines images nous plongent est lié à la perte de repères et d’échelle, à l’apparition de couleurs étranges, sombres, terreuses, ternes, vives ou pastels, aux effets vaporeux qui trouble notre perception de la terre, de la fragilité du sol, tantôt dur, tantôt friable, souple ou boueux.
Il peut émaner de ses images un sentiment de mélancolie qui, selon moi, est contenue dans le territoire même, dans sa nature élémentaire, tellurique.

Lors de mes marches, je fixe mon regard, non pas seulement sur l’horizon mais sur des fragments infimes et intimes du paysage, là où mes pieds s’enfoncent ou butent, là où se révèlent des micro-territoires à la limite du visible, à moins d’être face contre terre.
Car ce regard, je le maintiens au raz du sol et des bordures, confronté à une perte d’échelle qui rend sensible autrement le visible. Ici plus qu’ailleurs l’échelle comme le repère n’ont plus lieu d’être et provoque l’errance. Nous avançons dans une direction tandis que le regard nous appelle ailleurs.
Les accidents de la croûte terrestre créent des points de vue qui perturbent toute notion de perspective.
De même que le pas du marcheur vacille et devient hésitant, le regard du récepteur, à son tour, cherche dans l’image des points d’appui mais le regard glisse…toujours.

materia prima

Dans l’espace de l’indéfini hésitant se tient le « sans qualités », le sans détermination absolue. Anne Cauquelin. Petit traité du jardin ordinaire.

Materia Prima évoque tant le processus de création que celui de la destruction. Un monde qui s’effondre ou s’enflamme et qui est dans une perpétuelle mouvance et recréation…
Cette série de photographie a été réalisée en Islande. Ici point de nature exaltée au sens où on l’entend habituellement. Point de végétation exubérante, de paysages paradisiaques abritant une nature féconde, une flore et une faune croissante. Ici est la terre, en son infinité et majestueuse pauvreté, parfois violente et hostile pour l’homme. Je me souviens, lire dans un magazine dans l’avion qui me conduisait pour la première fois là-bas, ce mot inscrit au centre et sur toute la largeur de la carte représentant l’Islande ; «Inhabitable land», car on est là, à ciel ouvert, sur l’ossature de la terre. La roche est rugueuse ou friable et dessine des lignes et des surfaces tandis que l’eau, la glace et les courants tumultueux se répandent dans ses creux et en ses sommets. Découvrir ce monde est comme se plonger aux origines de la création…une terre où tout est en perpétuel mouvement et changement, instable et ce à une échelle qui dépasse celle de l’homme, dans sa temporalité ou sa nature physique.

Les textes anciens nous disent :
C’était à l’origine des temps,
Alors que régnait le néant.
Ni sable, ni mer n’y avait,
Ni vagues glacées.
N’existait la terre,
Ni le ciel très haut.
Immense était l’abîme,
Mais nulle plante ne poussait.
L’Edda, récits de mythologie nordique. Volupsa. Version de Snorri Sturluson.

Materia Prima

Simplement suivre la goutte d’eau

Surtsey

Poser les pieds sur Surtsey – video 40′

Ensuite jaillirent des pierres et des roches en partie intactes, que le souffle avait expulsé avant leur combustion,en partie rongées et ayant acquis la légèreté de la ponce. En dernier lieu, jaillit le sommet de la montagne brûlée.
Ensuite sa hauteur s’accrut et ce roc grandit jusqu’à devenir aussi étendu qu’une île.
Sénèque, Questions naturelles.

Située au sud de l’Islande, Surtsey est une île, surgie des flots le 14 novembre 1963 suite à une éruption volcanique sous-marine. Depuis, elle ne cesse de résister à l’océan et aux assauts des vents violents qui balaient ces régions de l’Atlantique Nord.
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, l’île est interdite aux hommes et réservée à la seule communauté scientifique. Surtsey est un lieu éphémère ; un lieu inhabité ; un lieu protégé ;un lieu-dit ; et comme beaucoup d’îles : un lieu désiré. Laboratoire de la Création, Surtsey est l’île des savants.

Eden de la pensée. sa fragilité, son caractère insaisissable, ses limites circonscrites et pourtant mouvantes, font de Surtsey le paradigme des îles. Réelles ou imaginaires, les îles sont propices aux rencontres : entre un lieu et des hommes, entre des hommes et un imaginaire, entre un imaginaire et des éléments.

Avec Vanessa Doutreleau (ethnologue et spécialiste de l’Islande), nous avons fouillé le passé récent du lieu, et rassembler les faits, les histoires et déjà les légendes qui font de Surtsey, une île à part.
Alors que le mouvement naturel de l’éco-système poursuit l’œuvre du Déluge, Surtsey émerge, non pas comme un nouveau paradis mais comme un enfer. La nature s’approprie peu à peu Surtsey qui est aujourd’hui à la moitié de sa vie, Selon les experts, l’île disparaitra dans quelques années, à cause de l’érosion importante que subissent les côtes battues par les vents et les vagues… Elle a été récemment classée au patrimoine Mondiale de l’Unesco.

lire  Surtsey notes au pas de la lettre

découvrir les entretiens

EXTRAITS D’ENTRETIENS : Borgþór Magnússon, Erling Ólafsson, Lovísa Ásbjörnsdóttir, Karl Gunnarsson, Sturla Friðriksson, Árni Johnsen, Þorunn Bára Björnsdóttir. Enquête ethnographique : Vanessa Doutreleau

– « þegar ég fór út í Surtsey það var svona, « ah ég er búin að sjá svo mikið af kort og myndum, ég þekki það bara út og inn »… en það sem komir á óvart var all of miklu miklu stærra ; litirnir, og lyktin og hljóðin og all þetta… (…) það var svo indislegt ! ég segi stundum að það er eins og ég hef orðinn ástfangin ! »

« En allant sur Surtsey, j’avais l’impression de la connaître avant d’y aller tellement j’avais travaillé sur des images avant, des cartes etc. Mais ce qui était surprenant en y allant, c’est que tout était tellement plus grand, les couleurs plus vives, les sons, les odeurs… Tellement beau ! Je dis parfois que c’est comme si j’étais comme tombée amoureuse ! »
– « There are many truths. If you go to see the island it’s one truth. I don’t need to go to the island at the moment ; I would be probably disappointed ! Maybe I want to go to see inside the island which is in my head, before I see the outside of it . It’s more I want to have my island, my imagination (…) it’s like a package, you only see the package, you don’t see what’s inside of it. »
– « Eg fylgst með svo langan tíma, að það er svona hluti af sjálfur mér. Og ég er búin að ganga um alla eyjuna, og veit hvað hún hefur upp að bjóða ,en samt hún er að breytast, hún er að minnka. (…) Það er alltaf spenandi að koma aftur að sama stað til að sjá hvort hann hefur breyst og hvern hann hefur breyst. þegar við komum í Surtsey thað var ströndin alltaf sem breyst mjög mikið ; við erum alltaf að skoða nýja strönd, og sama á botninum, það er aldrei sami staðurinn. »
« J’y vais depuis tellement longtemps que c’est comme une partie de moi, je suis allé partout sur l’île, donc je sais ce qu’elle peut offrir, et en même temps elle change tout le temps, rétrécit. C’est toujours excitant de retourner sur un même lieu pour voir comment et où il a changé. On ne voit jamais la même plage, et pareil en bas, sous l’eau, ce n’est jamais pareil, jamais le même lieu. »

– « For me, this island is not only an island. It’s a representation, a symbol. A symbol of life, with strength and fragility … here now, gone tomorrow, like life is, but always comes back . »
– « Well, Surtsey is my favorite project. That’s as simple as that. And Surtsey is my favorite spot on earth. That’s as simple as that ! »
– «Surtsey, it’s like meeting an old friend that you go to visit every year »
– « Á þennan dag þegar Surtseyjar gosey byrjaði var ég 11 ár gamall og ég mann eftir því að Mamma mín, hún segðu okkur krökkunum að það var að byrja eldgósum í Vestmanneyjar. Það var soldið snjó koma, og sást ekki út til eyja, það var ekki gott skyggni, við sáum ekki neitt eldgos . En Mamma hún fór eins og gert var í gamla daga, og fór hún út með disk, hvíttan disk, mata disk, og set hann út , og svo snjóaði í diskinn, og svo tók hún diskinn inn um kvöldin, til að athuga hvort hefur komin einhver aska ; það hafa gerir folk líka í gamla daga út af kindunum og hestunum þeir mátt ekki borða ösku, það var ekki gott. Svo tók hún disk inn með snjóunum og svo það var bara vatn og soldið aska á diskinn. Og það var það fyrsta sem ég mann, fyrsta sem ég sá umerkið um af Surtseyjargos ; aska á diskinn »
«Quand Surtsey est entrée en éruption j’avais 11 ans, et je me souviens que ma mère nous a dit qu’une éruption commençait aux îles Vestmann. Il tombait un peu de neige, aussi on ne voyait pas les îles, il n’y avait pas de visibilité, et on ne voyait aucune éruption .Mais ma mère a fait comme on faisait avant ; elle a pris une assiette, une assiette blanche, l’a mise dehors, sur laquelle neige tombait, et elle l’a rentrée le soir à l’intérieur afin de voir s’il y avait de la cendre dedans. C’est ainsi que faisaient les gens autrefois afin que les moutons et les chevaux ne mangent pas de la cendre, c’était très mauvais. Puis elle a pris l’assiette avec la neige, et il ne restait alors plus que de l’eau et un peu de cendre dans l’assiette. C’est le premier souvenir marquant que je garde de l’éruption de Surtsey ; cette cendre dans l’assiette. »
– « I was a boy scout when I was youngster, looking for jewlerry somewhere, and trying to find something new or remarquable, and when I went to Surtsey, I had the same feeling that I would be looking after, not a gold, but hunting something new, like a new plant, a new insect or new bird. I was on a treasure island. »
– « Birds life is always making a new picture every year. It’s like to see sculpture with the life. It’s always interesting to see how the island is changing, (…) like a person, his character is changing. »
– « It was also interesting when the second eruption started, then it opened like with a knife when you open the skin ; instead of the blood there was lava, and no sound….quiet. That was the beginning of a new land. »

Vient de paraître Surtsey la forme d’une île , éditions Créaphis. https://youtu.be/NCxAbSh9WW4

baramor

Les vents courent, volent, s’abattent, finissent, recommencent, planent, sifflent, mugissent, rient ; frénétiques, lascifs, effrénés, prenant leurs aises sur la vague irascible.
Ces hurleurs ont une harmonie. Ils font tout le ciel sonore.
Ils soufflent dans la nuée comme dans un cuivre, ils embouchent l’espace,
et ils chantent dans l’infini, avec toutes les voix amalgamées des clairons,
des buccins, des oliphants, des bugles et des trompettes, une sorte de fanfare prométhéenne.
Qui les entend écoute Pan.[…] Ils combinent les nuages et les désagrègent.
Ils pétrissent, comme avec des milliers de mains, la souplesse de l’eau immense.

Victor Hugo. Les travailleurs de la mer

Le mot breton Baramor a une signification particulière.
Il désigne « le pain de la mer » et rappelle le labeur des goémoniers qui depuis le XIXè siècle
récoltent les algues sur la grève ou l’arrachent du tréfonds de la Mer d’Iroise.
L’hiver, après la tempête, balayées par les courants et les vents des « trognes d’algues » s’échouent dans la laisse de mer, là où s’accumulent sur une fine bande, les débris de l’océan.
De ces algues, les regards s’en détournent, informes, inutiles, elles sont pourtant évocatrices d’un monde.

skumenn

L’écume est ce par quoi se manifeste toute agitation de la masse liquide
et plus particulièrement celle de la mer.
Cette formation d’écume est plus abondante encore lorsque l’agitation de l’eau
résulte d’une rotation régulière et non du simple ressac.
Qu’est ce que l’écume ?
C’est ce qui gonfle, se développe, s’allège, s’élève
et finalement se sépare de l’eau mise en mouvement.
Nous voici placés d’emblée devant le même processus
que celui décrit pour l’argile sous les mains du potier.
Le phénomène plastique d’intumescence de la terre au tour,
le processus de «sublimation» qu’elle développe, l’écume en est la manifestation équivalente pour l’eau
et sa formation est le signe du commencement de la phase active. Qu’est-ce-donc l’écume ?
Si l’eau est par excellence, ce qui court, se meut et s’écoule, on peut dire que l’écume est « l’eau de l’eau », elle est comme une sorte de quintessence de l’eau…

Jean Canteins. Les baratteurs divins.

Je dédie ces images à la mémoire de Per Pondaven, disparu en mer le 1er janvier 2008.

skumenn est un mot breton qui signifie écume.

Vidéo : Photographies tirées de la série « Skumenn » et présentées en concert sur une musique de Jean Cras (Trio à cordes) interprété par le Trio La Folia. Hommage à Antoine di Pietro, altiste

Ces écumes ont été saisies en Islande, en Bretagne et sur l’île de la réunion.